Hongrie 19/04 au 11/05/2008 --
Du 19 au 29 avril 2008
Arrêt, à la frontière, pas un chat et encore moins de douanier. C'est dimanche, les poids lourds sont arrêtés. Pas un ou deux mais des dizaines de dizaines de gros camions, un truc de fou. Arrêt dans un bureau de change ouvert même le dimanche, on se dit qu'on va se faire avoir avec une super grosse commission de change. Pas du tout. Avec nos 40,09 euros cela devrait faire 9800 forints, nous avons eu 9900 forints. On ne va pas se plaindre. D'après ce que nous comprenons la taxe de change doit être de l'ordre de 4% mais elle a changé dans le bon sens depuis que nous sommes partis de France. La Hongrie, les slovènes sont unanimes, c'est tout plat. Effectivement les 6 premiers km sont plats mais après ce n'est pas la même chose. Pas de sommet à 1000m ni de côte à 16% mais un vrai paysage "casse pattes" avec de grands vallons. C'est aussi peuplé que la Slovénie avec des champs à perte de vue, des forêts immenses et le calme. Nous croisons parmi les poids-lourds de livraison des camions sans âge, des voitures d'un autre temps avec des gens souriants au volant. Nous l'avions déjà remarqué en Slovénie, les engins des particuliers, camions et autres, sont faits pour être pratiques et fiables. Ici pas de design ni de marketing à outrance. Le camion, il n'est pas beau (à moitié bricolé) mais il fonctionne bien et peut-être plus longtemps que les nôtres qui sont tout beaux ! En plus, ces vieux véhicules sont plutôt jolis, en total décalage avec les autres. Nous sommes au pays des Lada, c'est plus typique que les VW et autres Peugeot que nous connaissons tous et qui sont d'ailleurs omniprésentes dans les villes. Une ville c'est une ville quel que soit l'endroit, tout le monde y vit à l'occidentale maintenant. La vraie différence est surtout en campagne. Revenons-en à nos fameuses côtes à répétition. A cela vous rajoutez du vent de face et on obtient une première journée hongroise assez pénible. Fanny chute, heureusement sans dommage, juste hématome au genou et je la rouspète (un peu trop) car cela aurait pu être pire. Elle était perdue dans ses rêveries; à regarder à droite, à gauche dans les bois, elle a fini par ne plus faire attention à la route et v'lan dans le bas côté. Nous poursuivons notre route et vers 17h le temps se couvre dangereusement. Des éclairs apparaissent et il commence à pleuvoir. Ce n'est que le début, nous allons nous prendre un énorme orage en plein dans les rayons ! Résultat, plus de 30 mn d'attente sous la pluie battante et les éclairs car pas question de planter la tente à moins de vouloir faire paratonnerre avec les arceaux alu. On demande un endroit où s'installer. Une dame nous autorise à se mettre devant son portail, mais pas chez elle. Et pas d'abri pour la pluie non plus ! Nous devons vaincre la peur que le ciel nous tombe sur la tête. L'orage s'écarte peu à peu, la tente est installée, on rentre à l'abri. Le chien de garde nous empêchera de dormir une partie de la nuit. Fanny a des envies de vomir, à cause d'un friand hongrois qui ne passe pas. En fait, je pensais avoir acheté un chausson aux pommes mais c'était sans compter sur ces blagueurs de hongrois qui mettent de la viande là où nous mettons des pommes !
Très mauvaise nuit pour tous les 2 mais au matin le soleil est là. Vite tout doit sécher. La pelouse, la route, les arbres, tout est bon pour que l'on y pose nos affaires à sécher. Les propriétaires de la maison viennent même vers nous pour nous proposer un café ou un cappuccino, nous venons de déjeuner donc nous refusons poliment mais nous demandons quand même à faire le plein d'eau. Cap vers le lac Balaton, c'est la mer des hongrois, plus de 90 kilomètres de long et une dizaine de large. Encore des côtes, et pas du Rhône, et nous voilà sur les rives de ce fameux lac. Incroyable nous sommes de retour en France, on dirait les berges du bassin d'Arcachon ! Aux premiers contacts, tout est muré, l'accès y est bloqué. Beaucoup de propriétés privées. Ca sent une fois de plus l'usine à touristes. Mais, de temps à autres, des accès au bord du lac sont aménagés pour les promeneurs : c'est beau, vue sur les rives d'en face, eau blanchâtre, des pêcheurs. Le lac reste sauvage et préservé. La piste cyclable (la fameuse balatoni körùt) ne suit pas son bord car des dizaines de mètres de roseaux et de marécages empêchent l'accès au lac. Revenons à notre pause repas, on mange sur un coin d'herbe au soleil à quelques centaines de mètres de cette piste cyclable qui annonce une localité à 59 km ! Cool on va pouvoir être tranquille sur cette petite bande de bitume. Ah aussi, une autre chose remarquable ici, ce sont les escargots de 125 Kg, non sans rire, ils sont énormes, au moins 50 mm de diamètre, ça impressionne! Y a plus qu'à espérer qu'ils ne mangent pas les humains. Au soir, nous cherchons un camping, Fanny ne se sent toujours pas mieux, certainement une intoxication alimentaire. Espérons que cela va vite passer. Nous finissons par trouver un camping mais il est fermé, le propriétaire nous en indique un d'ouvert mais à 40 km !!! On repart vite car la pluie menace et là, comme hier, gros orage dans les dents. Petit chemin sur la droite, dépôt des vélos en catastrophe et montage de tente ultra rapide. Nous voilà au sec cette fois-ci. Mais encore sous un orage. Je sors pour aller faire mes besoins une fois l'orage calmé et voilà qu'il recommence de plus bel. En quelques dizaines de secondes je suis trempé et un éclair frappe à moins d'un km. Autant vous dire que je ne suis pas fier du tout. Je rentre vite me mettre à l'abri. Nuit derrière un buisson à 100 mètres de la route et du train, mais on dort bien.
Au petit matin la pluie refait son apparition avec un vent violent. On doit y retourner, mais le cœur n'y est pas. La route est longue, la journée ne passe pas vite. On n'avance pas, le vent est fort et de coté. Arrêt dans un ptit bouis-bouis de restauration de bord de plage (du lac) et repas avec un super morceau de poisson frit, un boudin noir de 20 cm et un morceau de choux-fleur cru sauce piquante. Ça fait du bien, même si Fanny n'en profite pas comme elle aimerait. Tout lui pèse sur l'estomac. Elle ne digère plus. En dessert, on commande quand même une gaufre au sucre et une au chocolat. Evidemment, la serveuse nous apporte 2 "gofri" au chocolat. Ils ne comprennent rien ici. Rappelez-vous que Fanny n'aime pas le chocolat ! Ils ne parlent pas anglais ou alors encore moins bien que nous ! Par contre l'allemand, oui. Les panneaux touristiques ne sont traduits qu'en allemand. Evidemment, quand je m'arrête faire le plein d'essence pour le réchaud, le pompiste me dit "deutsche" ! Et bien non, je lui précise "France" et lui "ah! Paris". Pour ce qui est du plein d'essence, on en est à notre 3eme et à chaque fois, pour l'instant, cela se passe bien. Le plein d'aujourd'hui est passé comme une lettre à la poste quand ils ne sont pas en grève (petit clin d'œil de notre passage à Menton, pour ceux qui suivent assidûment nos aventures). Bonjour, il me faut du "benzit a fozonkbe" il comprend, je précise "benzit car". Coût 120 forints. Le calcul est simple, on est à 1 pour 250. 120/1000x4, ça se fait de tête. Soit 48 centimes d'euro le plein. Ici, c'est comme à la fin de la Slovénie, l'essence est moins cher que le diesel. Et le LPG ou G.P.L. (gaz de pétrole liquéfié) est à moins de 60 centimes, je vous laisse imaginer dans ce cas l'intérêt de monter un système G.P.L. dans ces pays où l'essence est moins chère que le gasoil. (le G.P.L. ne fonctionne que sur des moteurs essence). Nous arrivons finalement à trouver un camping à Balatonfüred, après avoir croisé un nounours rouge qui faisait du rodéo sur un gros escargot ! On fait des provisions dans le shop d'en face et je file dîner. Fanny est à la diète, rien ne passe. A l'heure où j'écris ces quelques lignes, Fanny couche sur le papier nos aventures de la journée. Nos vélos sont allongés dans l'herbe, avec collier autour du cou. Les marguerites tapissent le sol et des pissenlits saupoudrent l'air de leurs graines (incroyable tout ce qui vole, ne pas venir en avril en Hongrie ou vous serez assaillis de moutons blancs volants). Un allemand d'un certain âge fait la vaisselle paisiblement, pendant que nos autres voisins allemands partent se balader en vélo. Ça y est, 100g de smacks version hongroise viennent d'être ingurgités par l'auteur du récit. Il est temps d'arrêter et d'attendre demain qui sera d'ailleurs une autre journée de repos pour que Fanny se répare au plus vite. Nuit délicate, Fanny est super malade. Elle vomit à plusieurs reprises. Retour sous la tente, la nuit se termine bien !
Au petit matin, le soleil est là. Fanny fait une grasse matinée pendant que je pars acheter de quoi manger (je mange comme 4). La journée est belle, mais Fanny ne va pas bien. Maintenant, c'est la diarrhée qui la dérange; elle appelle son employeur-biologiste pour les posologies des médicaments à prendre. Dans l'après-midi, un groupe de motards arrive. Ils viennent faire un rallye si l'on en croit les écritures sur leur camion. Supposition vérifiée à la vue de grands panneaux d'information sur le Rallye d'Europe Central qui passe par-là... Ils bavardent, bavardent, crient, boivent !!! Super, cela va durer toute la nuit ! Minuit, ça y est, ils se calment. Mais un d'eux, se met à ronfler comme son camion.
6h ils sont debout, se sont déjà remis à picoler et crient, rigolent et allument leur radio. Des CZ, c'est la République tchèque. En fait, si on se met dans un camping, c'est pour le calme. Avec eux c'est raté et insupportable. C'est rare le nombre de fois où l'on a dormi dans un camping calme. Résultat, aussi fatigués que la veille, on va essayer de repartir assez vite au matin. Un peu de route jusqu'au Décathlon de Székesfehérvár, pour un échange de tente. La nôtre prend l'eau. Nous y sommes attendus. Départ, non sans mal à 11h00, les jambes tournent au ralenti. Fanny ne va pas mieux et je ne suis pas en grande forme non plus. Il faut rouler alors on le fait, mais toujours sans motivation. Cela augure une très longue journée. Dans nos rétroviseurs, le lac Balaton disparaît peu à peu. Le cap est plein est, la route secondaire devient très appréciable même si le plat parait monter. Quelques coups de vents plus tard, nous plantons la tente en pleine campagne dans le jardin d'une personne qui semble t-il n'a pas beaucoup de moyens. Bizarre toutes ces maisonnettes aux volets fermés; elles sont toutes accolées à une butte d'herbe (des caves sans doute car elles ont des portes dirigées vers la bas). La nuit tombe, nous mangeons du riz et de la semoule avec un cube au bœuf. 23h, c'est la crise, Fanny se tord de douleur. Je vois bien qu'elle souffre énormément. Je me sens tellement impuissant ! Je l'aide à aller aux toilettes publiques de campagne. Comprenez un trou dans un champs labouré. Elle a une drôle de façon de remercier les locaux qui nous invitent!! Nous recommencerons cette opération jusqu'à ce que toute la nourriture ingurgitée soit ressortie. Dure nuit, j'ai vraiment vu souffrir Fanny. Ventre gonflé, tremblements... Elle est très dure au mal et extrêmement courageuse. Certainement plus que moi !

Au matin, réveil à 6h30, on range tout lentement, Fanny n'a plus beaucoup de force. J'envoie un SMS à une collègue de Décathlon Székesfehérvár pour la prévenir qu'à notre arrivée, il faut que l'on se rende à l'hôpital. Vent de dos, 30 km plus loin, on y arrive. J'ai pris soin au matin de plus me charger pour permettre à Fanny de moins forcer. Elle conserve cependant plus de 15 kg de bagages !! Arrivés à Székesfehérvár en milieu de matinée, nous sommes accueillis par Béata qui parle français mais aussi par Eszter la directrice du magasin qui parle anglais. Nous discutons un peu, ils nous offrent de l'eau. Béata nous conduit aux urgences. La médecin de garde examine Fanny. Le verdict tombe: déshydratation grave liée à la diarrhée, donc hospitalisation. Béata nous accompagne à l'hôpital. Fanny est placée dans une chambre double avec une autre femme. Je ne peux malheureusement pas rester avec elle, ils ne veulent pas. Les horaires de visites sont 15h-18h. Après négociation, je suis autorisé à venir dès 9h00 le lendemain matin et à rester jusqu'à 20h le soir. Fanny est maintenant entre les mains des infirmières et médecins de l'hôpital. Celui-ci est ancien, pas vraiment propre partout, mais les infirmières et médecins sont sympathiques et professionnels. Le carrelage de la chambre est noir et gris années 60. Les murs sont jaunis avec des tâches suspectes. Deux cabinets sont communs à la moitié de l'étage. Pas de volets. Les lits et les tables de chevets sont en fer à peinture écaillée beige. Mais on y dort bien. Des frigos dans le couloir sont à la disposition des patients pour leur repas du soir. On a l'impression d'être à une autre époque. Manque plus que les bonnes sœurs. Je vous rassure : un hôpital flambant neuf voit le jour à côté. Béata me raccompagne à Décathlon. Nous allons manger un morceau à une cafétéria en face du magasin, Eszter et le responsable rayon montagne nous accompagnent. Repas très bon et complet. Des petites courses rapides pour Fanny à Auchan (un magasin comme chez nous!) et je retourne à Décathlon. Sur le chemin, je ne peux m'empêcher de penser à Fanny et la fatigue aidant, je commence à craquer, les larmes arrivent. Je reprends mes esprits, il faut continuer. Les bagages sont retirés des vélos, je prends le strict minimum dans un sac. Le vélo de Fanny va faire dodo dans l'atelier avec le technicien (non, il ne dort pas; il aspergera d'huile les transmissions de nos vélos !) Nos bagages sont quant à eux stockés sous clef dans le local caisse. Eszter et Béata reviennent vers moi et m'annoncent qu'elles ont eu au téléphone Pannya, le responsable de Décathlon Hongrie. Pannya, au nom de Décathlon Hongrie, m'offre l'hôtel 3 étoiles pendant l'hospitalisation de Fanny. Ils me fournissent un plan de la ville et me disent de ne pas m'inquiéter, ils sont là pour nous aider. Eszter envoie un Email de réservation et d'explication à l'hôtel. Je pars en remerciant mille fois Eszter que je ne reverrais plus car elle part pendant 15 jours. Fanny m'attend à l'hôpital, elle commence à s'ennuyer. L'après-midi se passe bien. Une perfusion au bras gauche, elle se repose. Enfin je suis rassuré. On fait des parties de yams, ça occupe et c'est sympa. Le soir arrive, j'essaye de communiquer avec les infirmières hongroises, pas facile ! Il est 18h30 je dois partir. Il faut encore que je rentre à l'hôtel, que je mange et me repose un peu moi aussi. Je ne suis pas sous perf donc il faut que je mange ! Hôtel très sympa, j'en profite pour donner des nouvelles à mes parents. Il est 20h, Fanny me souhaite bonne nuit par SMS. Elle aura mangé en tout et pour tout dans la journée une vingtaine de biscuits secs. C'est très dur de passer une nuit loin de la personne qui les partagent avec vous depuis plus de 3 ans ! Je finis quand même par m'endormir en espérant qu'elle "reprendra vite du poil de la bête".
Réveil à 6h pour moi et à 5h pour Fanny pour prendre sa température. Petites larmes qui coulent sur sa joue. Elle doute d'elle, de ses capacités à continuer jusqu'au bout. Et elle a peur pour moi. Peur qu'il m'arrive la même chose. Ca fait presque 2 mois que nous sommes partis et déjà malade au point d'être hospitalisée. Nous prenons conscience que dans cette malencontreuse aventure, nous avons eu de la chance que ça se passe en Hongrie plutôt qu'en Russie ou en Chine et que nous avions sous la main une interprète... Et si ça nous arrivait plus tard... Nous prenons aussi conscience de l'importance de boire beaucoup d'eau dans la journée même si la sensation de soif n'y est pas, se laver les mains souvent, prendre une journée de repos dans la semaine et ne pas faire l'impasse des grandes villes dans lesquelles on trouve tout, même si c'est la galère en vélo. Ce voyage, elle ne le percevait pas aussi dur. Ca fait à peine deux mois... Mais à cela, on trouve encore des arguments pour continuer : l'été qui approche, le projet humanitaire, les paysages et les personnes que l'on rencontrera... Je déjeune et consulte les e-mails. Brèves courses au spar du coin. Ils ne fournissent pas tout dans les hôpitaux hongrois. Mais ils ont le mérite d'avoir une médecine gratuite. Ils prennent la carte vital; rien à débourser. Je dois donc acheter des bouteilles d'eau, du papier toilette et des biscottes pour Fanny. C'est la première fois que je laisse le vélo seul dans le sas d'entrée d'une grande surface. Drôle de sensation ! Fanny n'est pas à coté de moi et le vélo sans surveillance: je ne suis pas à l'aise ! Pendant ce temps, elle prend sa douche, mange son petit déjeuner composé de biscuits secs, une tranche de pain grillé et du thé accompagné d'un médicament. Tout passe ! Elle va mieux, un grand sourire sur son visage. Me voilà avec elle pour la journée. Au programme repos, rédaction du récit et perfusion qui va durer des heures, coupées par des pauses pipi. 1,5 litre d'eau nourrissante directement injectée dans les veines.
Lundi : autorisation de sortie !! Ca y est ma Fanny est libre ! Le moral remonte. Le verdict est tombé, c'est un rotavirus qui l'a terrassée. Elle doit se reposer et faire un régime de 4 jours encore. Alors au menu pour Fanny: pain, biscottes, bananes et eau ! Et pour moi tout le reste !!!!!! La voici donc repartie direction Décathlon avec Beata. Nous changeons la tente et faisons quelques courses pour la suite du périple. Retour à l'hôtel, Décathlon nous offre encore 2 nuits au chaud. Fanny doit beaucoup se reposer, en tout plus d'une semaine nous disent les médecins de l'hôpital. Leurs visages se sont d'ailleurs décomposés quand Fanny a parlé de notre périple ! "Vous ne rentrez pas en France" !!! "Non, pourquoi ?" Ils nous font donc comprendre qu'il va falloir prendre beaucoup de repos pour que Fanny se rétablisse. Alors au programme: - 2 nuits à l'hôtel - 5 à 7 nuits au camping de la ville - reprise du périple en vitesse tranquille. Le but n'est pas de nous griller la santé, mais d'aller au bout. Comme dans toute aventure il y a des galères. Nous avons la nôtre.
Du 28 avril au 7 mai Finalement, nous restons à l'hôtel jusqu'au 2 mai et le 3 nous repartons sur les routes hongroises. Repos, lobotomisation du cerveau devant les émissions allemandes et le championnat du monde du snooker sur eurosport, jusqu'à l'idée de visionner les émissions de TF1 sur l'ordinateur portable de l'hôtel. Un Spar à côté nous permettra de nous remplir le ventre : gâteaux farineux pour le régime de Fanny et du nutella pour moi !!! Quelques sorties dans le centre de la ville verdoyante nous changent un peu l'air : rue piétonne en pavés, statues en bronze, fête foraine à la hongroise, orchestre, basket dans les rues... Dans les vitrines des magasins, les photos et noms des reçus à des examens sont affichés. Curieux. En tout cas, merci à Pannya, Eszter, Béata de Décathlon Hongrie, à Jean-Pierre de la fondation Décathlon et à tous ceux qui nous ont envoyé un message de soutien. Sans ces personnes, ce difficile passage se serait transformé en grosse galère. Nous voici donc juste réparés et frais. La remise en route se fait doucement, les premiers tours de roue sont plus lents mais avec le sourire jusqu'aux oreilles. Le temps est superbe, le ciel est avec nous aujourd'hui. La route, au sortir de la ville, devient de plus en plus étroite. Plus de voiture, ah si un 4x4 ! Il s'approche de nous en dégageant une poussière importante. Il se trouve dans un champ ! Mais où allons nous finir ! Comme on s'y attendait, la route est barrée au niveau d'une voie ferrée. A notre gauche, un chemin en pierre. Que faire ? Pas demi-tour, on roule sur cette route depuis plusieurs km. Et vous commencez à nous connaître, nous ne faisons jamais demi-tour. Bon on y va sur cette piste, de toute façon c'est la bonne direction, nous allons vers l'Est ! Finalement, ce long chemin en pleine campagne et sans bruit saura se faire apprécier. Au milieu, un passage à niveau aux barrières baissées. Les herbes envahissent les rails; il ne peut y avoir de trains ici ! Descente des vélos, vue dégagée à 500m à droite comme à gauche. On passe vite et une minute plus tard un train régional qui doit rouler à 50 km/h arrive ! Bon, l'avantage avec ces trains dans cette région du globe, c'est qu'ils ne sont pas pressés ! Nous retrouvons finalement la route 62 (la Route 66 se trouvant au nord de Pecs à 150 km d'ici, nous ne pourrons y passer). Midi arrive, le repas se fait dans un petit bourg, juste avant de prendre le bac. Budapest n'est pas sur notre route et nous n'avons pas le temps de nous perdre dans cette ville de 10.000.000 d'habitants. Impossible donc de passer le fleuve Duna par un des ponts de la ville. En campagne, c'est le bac qui permet de franchir ces plus de 1000 mètres d'eau au débit très impressionnant. Départ du bac à 16h00. Attente de 30 min et hop, nous montons à bord. Paiement au passeur qui nous allège de 3.2 euros, nos vélos payent le même prix que nous, comme souvent. En fin de compte, on voyage à 4 ! De l'autre côté, on change encore de monde, on croise des voitures à cheval ! Les chevaux ont d'ailleurs très peur des extraterrestres que nous sommes avec nos vélos. Les km passent et aucun endroit pour planter la tente. Le temps s'en mêle, on se prend une énorme averse. Le temps de se couvrir, nous sommes trempés. Finalement après 1h de recherche dans la campagne, à rouler dans des chemins sableux, on trouve un coin sympa dans une impasse, caché par des bottes de paille. Nous aurons traversé des décors de film d'horreur pour nous rendre ici. Tout est à l'abandon en ce samedi soir, les fermes deviennent des bâtisses effrayantes et glauques. Mais nuit très réparatrice et calme. Au matin, nos amis hongrois sont là, comprenez les faisans. Incroyable, il y en a partout. Fanny en prend un en photo, perché sur sa botte de paille, il scrute les environs à la recherche d'éventuels envahisseurs. Clic ! La photo est prise et le faisan se rend compte de notre présence ! cokcokcokcokcokc, il s'envole rapidement. (ils sont sauvages ici !) Le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Le départ est pris de bonne heure, le camping où nous souhaitons faire escale est à 70 km. La matinée, le décors n'est composé que de routes de campagne et de maisons pauvres parsemées au bord de la route. Tiens, encore un château d'eau en forme de sucette, en acier ou inox. Ca brille. Le repas se fait en campagne sous des gouttes. Comme souvent, la pluie n'est jamais loin. D'ailleurs, le changement de temps en Hongrie est spectaculaire : une bourrasque de vent, la pluie et le tonnerre peuvent nous surprendre à tout moment, même au milieu d'un après-midi chaud et ensoleillé. Bon, de retour sur le bitume, nous sommes doublés par une 2 CV qui file en trombes. Elle porte le numéro 14 et des inscriptions sur sa carrosserie. Fanny leur fait des grands signes quand elle voit qu'ils sont français. Ils s'arrêtent 200 m plus loin. Ils ne nous attendaient pas, ils consultaient simplement leur road-book à deux. Hasard ou providence, nous les interpellons et discutons un moment avec eux. Jean-Pierre et Jean, voiture 14, département 14, le Calvados. Ils font partie du raid que font 92 autres 2 CV à travers l'Europe. Ah, quel moment génial, ils prennent une photo et notre adresse Internet. Espérons qu'ils ne nous oublieront pas! Le camping est difficile à trouver, je suis obligé de sympathiser avec une mamie pour demander notre route. Elle comprend assez vite que nous sommes français. Elle est super sympathique et très "tactile", elle me caresse au moins 3 ou 4 fois l'épaule et le dos et se permet même une petite tape sur mes fesses! Ah les mamies hongroises ! Fanny en rigole encore et moi aussi. Camping, enfin !
Lundi 05 mai 2008, le départ est encore pris de bonne heure, c'est une de nos nouvelles résolutions. Le repas du midi se fait à coté d'un passage à niveau très très fréquenté. Un train toutes les 10 minutes ! Une voiture à cheval vient se faire immortaliser devant notre objectif. Le chauffeur salue Fanny. On repart avec un ciel menaçant. Plus la journée passe, plus le temps menace. A 15h30, le tonnerre au loin nous alerte. La décision est prise, nous devions aller vers l'est mais l'orage y est. Route vers le nord et vers un autre camping pour la nuit. La route va se résumer en 18 km de contre la montre par équipe; ça y est, nous sommes sur les routes du tour de France. Les km s'enchaînent, la tête dans le guidon. Les spectateurs sur le bord des routes hurlent notre prénom et nous applaudissent. Quand on fait la course avec un orage, il faut se motiver intérieurement !!! Les voitures et camions qui nous doublent sont trempés, délavés par des abats d'eau semble t-il. Les gouttes commencent à tomber, on stoppe pour mettre les affaires de pluie et hop on repart en trombes. Arrivés à Jaszapati, le camping doit être à 100 ou 200 mètres mais nous sommes atomisés par des hallebardes d'eau, et de la grêle qui fouette notre visage. Arrêt en catastrophe dans une cabine téléphonique pendant 30 min puis arrivée au camping, effectivement à 200m ! La pluie ne cesse de tomber, je dois monter la tente sous la pluie battante, la galère; pendant que Fanny sèche un peu les sacoches au papier toilette du camping ! Nuit humide.
A l'aurore, le ciel se découvre, on repart dans des vêtements humides qui finirons par sécher avec le soleil. Paysage de campagne superbe. Route vers Tiszafured. Pause repas dans un petit village où l'on nous demande si nous sommes des touristes, ils doivent avoir peur des itinérants qui s'installent. Nous longeons ensuite des lacs superbes, jonchés de roseaux. La ville approche, encore un camping pour cette nuit ! Nous jetons notre dévolu sur le camping des thermes, 4 étoiles mais pas cher. 5 camping-cars de français sont là ! Leurs propriétaires jouent à la pétanque. On discute et passe encore un moment sympa avec des français. L'un d'eux du département 37 nous présente son chien, "charmeur", un superbe teckel au pelage digne d'un des plus beaux écureuils. Le lendemain, jour de pause et bain à 28 et 38 degrés dans les thermes. Profitons-en un peu... Pendant que Fanny se délasse dans l'eau marron de la piscine à 38°, je lis sur le PDA les aventures d'Olivier et Amanda qui sont partis en vélo couché pour deux ans au mois de juillet dernier. Des galères; ils en ont rencontrées eux aussi... Lessive à la main, séchage au soleil.
du 8 Mai au 11 Mai Nous nous levons maintenant vers 6 heures du matin pour un départ entre 8h et 9h. Nous partons à travers le parc naturel d'Hortobagyl, classé au patrimoine de l'Unesco. Nous croisons oies sauvages, faisans, cigognes, lièvres, vaches, fermes à toit de chaume, marais, marécages, cultures... Nous roulons sur des lignes droites de près de 10 kilomètres. Nous nous arrêtons dans le village qui se prépare à recevoir des milliers de visiteurs pour le festival équestre gratuit très célèbre en Hongrie, qui a lieu dans 2 jours. Nous décidons de nous y arrêter pour ne pas rater les acrobates, les courses à cru en costume traditionnel hongrois, les archers.... Mais la mauvaise rencontre avec de jeunes hongrois tatoués installés au camping pour un meeting de "coccinelles" nous en dissuadera. Des doigts d'honneur commençaient à se lever dans les deux camps. Nous continuons donc notre route jusqu'à ce que la pluie nous arrête dans un chemin derrière des bosquets, cachés de la route pour y planter notre tente. Le lendemain matin, autre galère : une pièce sertie de notre réchaud se casse. Catastrophe : je ne peux pas faire mon petit déjeuner !! Non, sans rire. Grosse panique devant notre réchaud cassé en deux ! La solution que nous trouvons sera la bonne : trouver une carrosserie automobile qui nous soudera la pièce. A 20 km de là, à Debrecen, nous stoppons alors dans la concession Suzuki et faisons la connaissance de Janos, encore Janos, Attila, Sandov et Zoli tous carrossiers. En une heure, nous discuterons, ils réparerons sans rien nous faire payer. Heureux de nous avoir rencontrés et d'avoir pu nous aider. Gaël leur fait une petite démonstration du réchaud. Les questions fusent et vient celle que l'on redoute : les coût des vélos. Nous baissons le prix. Cette question reviendra souvent plus tard. Difficile d'y répondre sachant que dans les prochains pays, un vélo tel que le nôtre équivaut à plus de un mois de salaire. Après la photo souvenir avec tout le personnel fort sympathique, nous reprenons la route vers Nyirbator, proche de la frontière roumaine. Sur la route, je m'achète dans une supérette le magazine qui porte mon prénom : recettes de cuisine, jeux fléchés, mode... Nous ne dormons pas au camping de la ville cette nuit, il est fermé alors nous nous installons juste à côté, prés d'un lac. Vers 20h un hongrois, inquiet pour nous, s'assurera que nous avons bien un portable et que nous connaissons le numéro pour appeler la police car des tziganes sont implantés de l'autre côté du lac. Pas rassurant !! Et en effet, nous nous endormons sur de la musique tzigane portée par le vent... Nous attachons les vélos tout près de la tente, une roue à l'intérieur de l'abside; un tendeur la reliant à notre tente. Nous passons tout de même une bonne nuit et sans incident. Au matin et comme la veille, nous réfléchissons sérieusement à notre trajectoire. Roumanie ou pas Roumanie ??? En regardant de plus près la carte, nous nous apercevons que certaines routes ne traversent pas les Carpates, il faudrait descendre plus bas que prévu or nous avons du retard. De plus, nous apprenons que certains cols en France sont fermés à cause de la neige, alors les Carpates... Décision : nous passons directement en Ukraine par la Hongrie, nous traverserons les Carpates en Ukraine en longeant la frontière roumaine. Et juste avant la frontière, nous nous arrêtons dans un camping (qui dans nos têtes est le dernier). Nous y mangeons local et goûtons au "Malekasas Toltott Kaposzta", soit des feuilles de chou farcies à la viande de porc fumé et maïs puis un plat à base de saucisses, pommes de terre, sauce qui pique... Un peu déçus par le dessert : des crêpes qui devaient être beaucoup plus épaisses que celles de chez nous d'après le gérant mais qui en fait ressemblent en tout point. Nous nous gavons également de leur gâteau cuit au feu de bois qui ressemble, au goût, plus à du pain mi-nan appelé "langos". D'après le gérant, l'Ukraine, ça craint. Il a du mettre un beau billet dans son passeport pour pouvoir franchir la frontière. Good luck nous dit-il avant que nous partions. Et c'est donc avec le stress que nous nous dirigeons vers la frontière, vers l'Ukraine... Bye bye la Hongrie.
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