Ca y est nous y
sommes !!! Slovénie nous voilà !!! Pas de blague, il fait froid et il pleut, la
journée va être longue. Passage de la frontière sans encombre grâce à Mme
l'Europe et pas de soucis non plus niveau financier, ils sont à l'euro
depuis 2007. On fait une petite étape, les paysages sont superbes même sous la
pluie. Installation de la tente dans le 1er camping trouvé, sans eau chaude. Les
propriétaires sont amusés de voir que l'on vient de France avec nos machines,
on rigole et hop ! dodo. Au petit matin, nous retrouvons des traces de pattes
laissées sur les parois internes de l'abside, contre notre moustiquaire (à croire
que nous avons le sommeil très lourd car nous n'avons rien entendu...); les nuages
sont là, la pluie aussi de temps à autre. La décision est prise, on modifie l'itinéraire
pour la Slovénie ! Plus de parc du Triglave avec son sommet à 2864m mais
un parcours plus au sud, direction Ljubljana la capitale (prononcer "Loubiana").
C'est reparti, ça monte, ça descend, ça remonte, on se croirait dans les Ardennes.
Coup d'œil dans le rétro mais Tom Boonen n'est pas là, il est encore à
l'arrivée de Paris-Roubaix qu'il vient de remporter dans un sprint à 3.
Il faut l'avouer, notre vitesse moyenne n'est pas brillante, les jambes sont lourdes
et le fait de rouler tous les jours commence à nous peser. Arrivée à
Adjovscina nous prenons un raccourci pour éviter le détour au sud comme le préconisent
les panneaux. Pour arriver à la localité de Col qui porte super bien son
nom nous allons mettre plus d'une heure et demie alors qu'il n'y a que 7 km !!!
Mais ce n'est pas fini, on continue de monter jusqu'à 860m sans aucune possibilité
de nous installer. Grande descente et nous voilà rassurés, de la pelouse verte
prête à nous accueillir. On plante la tente avec l'accord d'un riverain et on
trouve que cela fraîchit vite. Normal, nous sommes dans une station de ski. La
tente est plantée à quelques pas des remontées mécaniques ! Nuit froide,
mais dodo quand même, réveil face à la montagne avec un timide et bref
rayon de soleil. Allez, si on roule bien on est à Ljubljana ce soir.
Petit arrêt à une station pour faire le plein d'essence. C'est rigolo de
voir la tête du pompiste quand on lui demande de l'essence. Il nous propose de
l'essence pour briquet à 4 euros la bouteille ! On n'est pas des touristes, alors
petite précision, c'est de l'eurosuper 95 que l'on veut ! Grimace du pompiste
qui se dit qu'il ne va pas faire fortune avec cette vente. Il nous sert, nous
indique qu'il y en a pour 0,5 euro (et oui c'est possible) et il revient avec
la monnaie mais tout sourire car finalement cette situation est amusante. Petit
aparté : l'essence est à 1,06 euro !! 2ème anecdote de la journée, on essaye
de prendre des raccourcis, cela fonctionne, mais les routes slovènes sont très
piégeuses. Abandon de la route en jaune pour une route en gris sur notre carte.
Surprise, après une folle descente de 2km, on se retrouve le bec dans l'eau avec
le choix entre 2 chemins en cailloux blancs. A droite une ferme, rencontre avec
un slovène à qui je demande, par le langage universel de la débrouille, où nous
sommes et où est notre route. Il nous indique le bon chemin ! Demi-tour et direction
l'autre chemin blanc qui s'élève dans la montagne, il faut être
confiant ! Bah! Pas trop le choix, on pousse et on pousse pendant presque 1 heure
à travers la forêt. Au passage on trouve une plaque de neige sur le bord du chemin,
la neige a dû fondre il y a peu. Tout est détrempé comme à la débâcle. Arrivé
en haut, on retrouve la bonne route avec un clin d'œil du soleil. Et là, c'est
encore plus beau, très vallonné et vraiment reculé comme paysage. Peu de maisons,
des scieries comme seules entreprises et de la forêt. Abri-bus pour manger, protégé
d'Éole qui nous refroidit dès qu'il le peut. Au repas ce midi : pâté slovène en
entrée, semoule (juste achetée à l'épicerie du coin) accompagnée de salami
cuit à la poêle. Ça se conserve très bien et remplace avantageusement les lardons
pour accompagner un plat. En dessert une banane et un peu de yogourt slovène en
brique. Voilà, pas de privations, notre corps a besoin d'énergie
en ce moment. J'en profite pour filtrer l'eau récupérée dans la station
service de ce matin. Le filtre à eau est facile à utiliser, j'ai mis quelques
minutes (pas plus de 3 ou 4) pour filtrer 2 litres d'eau. Ça marche très bien
et en plus ça réchauffe. Plusieurs km de descente vers la plaine de Ljubljana
et nous voilà de nouveau en train de rouler à 18-20 km/h. Nous avons fait des
progrès je pense car au départ nous ne roulions pas aussi vite sur le plat, les
jambes commencent à bien tourner. La capitale de la Slovénie est superbe, très
jeune, 1/5 de ses habitants sont étudiants. Un très beau château surplombe la
ville et de très beaux monuments baroques agrémentent les rives de la Ljublanica.
Ce fleuve est traversé par plusieurs ponts, dont un particulièrement superbe sur
lequel se trouvent des dragons en bronze. Selon la légende, ils ont été vaincus
par Homère lors de la fondation de la ville. Camping de Ljubljana, 4 étoiles,
cela va nous faire du bien après 1 semaine de camping sauvage. Nous sommes le
15 avril, 1 mois et demi déjà sur les routes, ça passe vite, trop vite ! Le
lendemain, encore une longue journée de route, coincés pendant plusieurs dizaines
de km entre les falaises et la rivière. De nombreuses cascades
viennent s'y jeter, c'est agréable à regarder; l'eau est transparente. C'est une
sorte de défilé, le trafic est dense. On accumule beaucoup de fatigue. Une odeur
difficile à identifier (calcination) est de plus en plus présente. Voilà le responsable,
l'usine Lafarge, fabrique de ciment, trône au bord de la rivière. On s'arrête
pour prendre une commande pour Aurélie et Loïc, un couple d'ami qui construisent
leur maison. Non plus sérieusement, on commence à se demander où l'on va
bien pouvoir dormir. Le soir tombe, nous essayons de sortir de la petite ville
où nous sommes. Un slovène nous indique qu'en haut du plateau il sera possible
d'intaller la tente mais pas chez lui (ici aussi, l'accueil est froid en ville).
On prend notre courage à 2 mains et malgré le panneau 12%, direction le sommet.
45 minutes plus tard, l'arrêt est décidé et nous frappons
à une porte. Joze nous ouvre, il lit notre petit papier de présentation et accepte
de nous accueillir sur la pelouse. Il appelle Tomaz son fils, on discute en anglais.
Ils nous invitent à rentrer dans leur maison et nous proposent la chambre d'ami
pour la nuit ! Cool, une nuit chez des locaux. J'en profite pour demander un accès
Internet. Ils appellent leurs voisins de la colline d'en face et me voilà parti
avec Tomaz. Moment super sympa, dommage que Fanny ne soit pas venue. Je fais le
point sur Internet et la voisine appelle même sa fille qui vit un peu plus loin
pour qu'elle puisse parler avec moi en anglais. Je vais pouvoir leur présenter
notre site et la page en anglais qui résume notre projet. Après lecture et traduction
instantanée à toute la famille, ils nous félicitent et nous souhaitent beaucoup
de courage dans notre entreprise. De retour chez nos hôtes, Fanny a déjà mangé
sa part de "smorn", plat typique "bourratif" d'ici,
je m'empresse de manger la mienne (galette d'un cm d'épais à base
d'œufs, de lait et de farine). C'est super d'être au sein d'une famille étrangère,
on ne comprend rien au slovène mais avec les signes et un peu d'anglais on passe
un super moment. Au matin, le petit déjeuner nous est proposé. La femme de Joze,
Metka, nous offre du pain fait maison. Elle coupe un morceau dans un pain qui
fait la taille de son four, du 30x50 cm au moins, impressionnant et délicieux.
Nous repartons après la traditionnelle photo du matin avec nos hôtes. Le soleil
joue à cache cache avec les nuages mais la pluie n'est plus de la partie pour
l'instant. On monte encore et encore, et après une heure et demi de route, on
arrive en haut du col de Podmeja qui culmine à 724 m, descente rapide à
50-60 km/h et arrivée de nouveau dans une petite plaine. Arrêt repas à Celje où
nous cherchons un cyber-café. Deux jeunes slovènes nous accompagnent et nous passons
2 heures à traiter nos photos, récits et emails. On repart après l'averse, direction
les lacs vus sur la carte. Ce sont de petits lacs, on s'aventure dans un chemin
pour trouver un coin pour la nuit et un slovène nous accueille gentiment à côté
de son chalet secondaire. Nuit très fraîche, à 18h hier soir il ne faisait déjà
que 5°c !! Encore une nouvelle journée de grimpette dans les collines, 6%,
14% et même 16% ! La navigation ne nous pose pas de problème aujourd'hui, même
si la carte comporte quelques erreurs. Nous sommes d'ailleurs super contents des
cartes fournies par Cartovelo.com, elles sont pour l'instant très fiables. En
Slovénie, plusieurs maisons sont décorées avec des araignées géantes de la taille
d'une fenêtre. Quelle en est la signification ? Nous le saurons au retour ou dans
le prochain cyber café, car j'ai peur de ne pas comprendre les explications fournies
en slovanglais. Les maisons (souvent grandes) font penser à des chalets (balcon
en bois, avancée de toit, avec au minimum un étage, garage en sous-sol...), on
retrouve les crépis colorés de certaines régions d'Italie. Camping de nouveau
car nous sommes près d'une ville (Ptuj mais prononcer "Ptouille"). Un couple de
camping-caristes allemand nous fait de grands signes et des "France" pour nous
interpeller. Nous les avions vus 3 jours plus tôt au camping de Ljubljana ! Le
monde est petit ! Nous rencontrons aussi un couple d'Australiens qui a vécu pendant
20 ans à Hong Kong et qui est partis pour 1 an de périple en moto en Europe. Ils
nous souhaitent bonne chance pour la suite. Le lendemain, nous nous dirigeons
vers la frontière hongroise. Pause déjeuner dans la forêt (erreur de cyclovoyageur
novice !) : Fanny ramène deux tiques énormes rouges fluo sur sa sacoche tube.
Inspection générale le soir des vêtements et de la peau. Après avoir roulé en
yo-yo, nous nous arrêtons près d'un étang et nous nous demandons s'il ne faudrait
pas mieux faire 10 km de plus pour rejoindre le camping, histoire de ne pas être
chassés par les dizaines de pêcheurs. Hésitation encore liée à notre manque d'expérience.
Finalement, nous installons notre campement entre les pêcheurs en fin de soirée.
Personne ne bronche.... Même pas le garde-pêche le lendemain matin après avoir
vu le feu fait par Gaël pour faire chauffer de l'eau et griller nos tartines.
Nous y restons une journée de plus, histoire de se reposer un peu. Le premier
pêcheur aura l'amabilité de nous réveiller à 5h00 du matin pour installer ses
cannes juste à côté de notre tente !! Ils seront ensuite surpris de nous voir
boire l'eau de l'étang filtrée par Fanny. Ils nous proposeront du coca à la place.
Voilà, la Slovénie, c'est fini... La Slovénie est un pays calme qui a su préserver
toute la beauté de ses paysages (des forêts à perte de vue, des montagnes à l'ouest,
des collines à l'est; les cyclistes ont de quoi se faire plaisir). Les villes
sont petites et rarement en touche-touche (la capitale a moins de 300 000 habitants).
Des pistes cyclables ont été judicieusement aménagées pour la traversée des villes
: elles ne font pas moult détours; les cyclistes sont prioritaires sur les voitures
!!! Ils ont un étrange alphabet (25 lettres, "Q", "W", "X" et "Y" n'existent pas,
par contre, ils ont en plus les lettres "C", "S" et "Z" avec des accents circonflexes
inversés). Leurs panneaux de signalisation ont un fond jaune; ils n'ont pas l'air
d'avoir de gendarmerie (nous ne croisons que des voitures et camionnettes Policija
avec radar); leur pain ressemble au nôtre; nous faisons nos courses dans les "mercator"
ou "spar". Pendant la traversée des villages, nous rencontrons beaucoup de calvaires
emmurés avec, à leur pied, des bougies dans des sortes de bocaux souvent rouges
et aussi des autels avec bancs... Nous croisons aussi de grands séchoirs à maïs.
Les slovènes sont plutôt arrangeants et très discrets (certains nous prennent
en photos mais furtivement). D'autres klaxonnent et nous saluent. Les enfants
nous interpellent dans la cour de leur "sola" (école) ou tapent à leur fenêtre
pour nous saluer. Nous n'avons pas rencontré d'ours, seulement des chevreuils
(ou biches??). Heureusement d'ailleurs... Pas beaucoup de courses poursuite avec
les chiens car ils sont souvent attachés avec une corde ou bien enfermés dans
de grandes cages avec niche. Et les poules sont dehors ! Certains slovènes sont
fans de nains de jardins géants. Beaucoup roulent en Peugeot, Renault et Citroën.
Cocoricooo !! La Slovénie reste pour nous un pays paisible mais frais au mois
d'avril ! Suite page recits hongrie.html
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